Aujourd’hui, cette information est connue comme le loup blanc : le chien descend du loup. Mais malgré l’importance du chien dans l’histoire humaine, aucun consensus n’a été mis en avant quant à son origine géographique et temporelle : les loups ont-ils été domestiqués une seule fois ? Ou bien indépendamment à plusieurs occasions ? De quoi donner un os à ronger à nos scientifiques !

Les chiens seraient apparus en Europe  autour de -15000 ans et en Asie autour de -12000 ans, par conséquent avant l’établissement de l’agriculture. Bien que les archéologues restent ouverts à l’idée qu’il y ait eu plusieurs origines géographiques pour les chiens, la plupart des études génétiques ont conclu que les loups n’avaient été domestiqués qu’une seule fois. Cependant, les chercheurs n’étaient pas d’accord sur l’origine. Les équipes sont alors tombées sur un os qui allait être difficile à départager : la domestication avait-elle eu lieu en Europe ou en Asie ?

Pour tenter de résoudre cela, des chercheurs se sont jetés dans la gueule du loup et ont utilisé de nouvelles méthodes d’étude paléogénétique (qui ont d’ailleurs transformé notre compréhension de l’histoire évolutive humaine). Pour reconstruire l’histoire de la domestication du chien, ils ont eu du chien et ont utilisé les séquences de plusieurs espèces de chiens : des chiens européens datant d’il y a 14000 à 3000 ans, un chien daté d’il y a 4800 ans retrouvé dans une grotte en Irlande, et 605 chiens actuels.

En comparant les séquences ADN de toutes ces espèces (bon c’est un peu plus compliqué que ça, mais si vous voulez vraiment en savoir plus sur la méthode, je vous dirige vers l’article de référence !), les chercheurs ont découvert  que les chiens auraient été domestiqués à la fois en Europe ET en Asie (fig.1). De quoi réconcilier les deux hypothèses, et permettre aux équipes de ne plus être comme chien et chat sur l’origine du chien.

Entre -14000 et -6400 ans, des chiens d’Asie, ne voulant pas faire de vieux os, se seraient dispersés en Europe aux côtés des humains. Ils auraient ainsi partiellement supplanté les chiens européens du Paléolithique (fig.1), donnant ensuite sous la pression de l’évolution et surtout de la sélection humaine, les chiens que l’on observe aujourd’hui.

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Figure 1: Modèle suggéré de la domestication du chien (inspiré de la figure 3 de l’article ci-dessous). Le symbole de la croix représente l’extinction.

Attention tout de même, ces informations sont à prendre avec des pincettes et ceci ne reste qu’une hypothèse compte tenu de la complexité de l’histoire évolutive des chiens et des incertitudes liées aux taux de mutation, aux temps de génération, et aux manques de données archéologiques.

M.B.

Référence :

Frantz et al. 2016 – Genomic and archeological evidence suggest a dual origin of domestic dogs, Science