Dans une étude publiée en décembre 2016 dans Earth System Science Data (un magazine scientifique sur les sciences de la Terre), rédigée par 80 scientifiques de 15 pays différents (ça paraît un peu fou mais ça se fait !), on apprend que les émissions de méthane sont en forte augmentation depuis ces 10 dernières années. Pourquoi les scientifiques se sont-ils intéressés à ce gaz ? Et en quoi son augmentation est-elle importante ?

Le méthane (CH4) est le plus simple des hydrocarbures – composé chimique uniquement composé de carbone (C) et d’hydrogène (H), comme le charbon, le pétrole ou le gaz naturel –. Il fut découvert à la fin du XVIIIème siècle par Alessandro Volta. Ce gaz est classé parmi les gaz à effet de serre dont les émissions anthropiques – d’origine humaine – doivent être réduites d’après le protocole de Kyoto (1997). Contrairement au dioxyde de carbone (CO2), le méthane est assez difficile à quantifier car il est plus diffus et jusqu’à récemment, peu de mesures ont été faites. Bien que le CO2 représente environ 70% des gaz à effet de serre contre 20% pour le méthane, ce dernier à un pouvoir de  « réchauffement » 28 fois supérieur au CO2. Or la concentration de méthane dans l’atmosphère a été multipliée par 2 au cours du seul XXème siècle ! Encore plus effrayant : les émissions de méthane ont subi une forte augmentation depuis 2007 alors qu’entre 2000 et 2006 elles étaient relativement stables.

La particularité des émissions de méthane est que 40% de celles-ci sont d’origines naturelles (zones humides, lacs, océans, permafrost – sol gelé –…). 60% des émissions sont donc d’origine humaine, dont 36% uniquement due à l’agriculture (ruminants, rizières principalement) et 21% aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Cet article nous montre que 3 zones géographiques sont particulièrement émettrices de méthane et que les sources sont différentes :

pays-emetteurs-de-methane

Bien que l’étude ne tranche pas sur l’origine de cette augmentation des émissions de méthane (naturelles vs. anthropiques) il est souligné que si les émissions de méthane ne sont pas rapidement encadrées et diminuées, l’objectif de contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C deviendra de plus en plus difficile.

A cela s’ajoute-le fait que le permafrost, ces sols gelés des hautes latitudes, contient beaucoup de méthane piégé depuis très longtemps. Si le dégel de ces sols est amorcé, à cause de l’augmentation des températures liée au réchauffement climatique, alors le méthane actuellement piégé sera libéré et par conséquent accroitra le réchauffement climatique.

Il est d’ores et déjà possible de réduire les émissions de méthane d’origine anthropique en diminuant l’utilisation des énergies fossiles, en modifiant l’irrigation des rizières, en captant le méthane dans les fermes via l’utilisation de méthaniseurs et en évitant les fuites des puits de forage de gaz naturel comme cela avait été le cas en Californie durant l’hiver 2015-2016.

Elodie Billard

Références :

Saunois & al., 2016. The global methane budget 2000–2012. Earth Syst. Sci. Data, 8, 697–751, 2016

IPCC, 2013: Climate Change 2013: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA, 1535 pp